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christophe guilluy - Page 10

  • Une gauche populaire ?...

    Pierre Le Vigan, essayiste et collaborateur habituel de la revue Eléments, analyse pour Métapo infos les positions du collectifs d'intellectuels regroupé sous l'appellation de "Gauche populaire"...

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  • Guilluy, Zemmour et les fractures françaises...

    Vous pouvez regarder ci-dessous un extrait de l'émission Zemmour & Naulleau, diffusée sur Paris première le 14 avril 2012, au cours de laquelle intervient le géographe Christophe Guilluy, auteur de l'essai percutant intitulé Fractures françaises. La description par l'invité du "PS d'en-haut", véritable "Boboland" est assez savoureuse...

    La vidéo a été cueillie sur le site François Desouche.

     

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  • Tour d'horizon... (20)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Les influences, Christophe Guilluy revient sur le malaise identitaire qui traverse les jeunesses populaires françaises...

    Pourquoi ces jeunes votent Marine Le Pen

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    - sur Atlantico, la rédaction s'intéressent aux thèses de l'historien anglais Niall Fergusson sur le déclin de l'Occident face à l'Asie...

    L'Occident sera-t-il englouti par l'Asie ?

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  • Chérie, j'ai rétrécie le peuple !...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Christophe Guilluy publiée sur le site Les influences. Christophe Guilluy est l'auteur d'un essai intitulé Fractures françaises (Bourin, 2010), qui a bousculé quelques dogmes de la bien-pensance.

     

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    Chérie, j'ai rétrécie le peuple

    Dans l’espace médiatique et politique, certains think tanks pèsent plus que d’autres. C’est le cas, dans la période récente, de la fondation progressiste Terra nova et de l’Institut Montaigne. Si l’un est classé à gauche et l’autre plutôt à droite, les deux sont libéraux et donc en phase avec les choix économiques de la classe dirigeante ce qui n’est pas vraiment surprenant puisque, de gauche ou de droite, ces laboratoires d’idées sont financés par les mêmes donateurs, pour l’essentiel, on retrouve des entreprises du CAC 40.

    Le problème est que ces cercles de réflexions ne se contentent pas de faire la promotion du libre-échangisme. Ils produisent aussi de « la représentation sociale ». Et, force est de constater, que, en la matière, ils ont été plutôt efficaces. Les analyses sociales de la fondation Terra Nova ont ainsi très largement été adoptées par le parti socialiste. L’idée que la gauche devrait se concentrer sur un nouvel électorat constitué par des couches supérieures et les minorités, en abandonnant au passage la classe ouvrière, imprègne déjà le PS d’en haut. De la même manière, l’institut Montaigne contribue à imposer l’idée que l’avenir des classes populaires et de la jeunesse se joue désormais en banlieue. L’ennui est que l’essentiel des classes populaires et de la jeunesse populaire ne vit pas sur ces territoires. De gauche à droite, les think tanks libéraux diffusent ainsi une vision très restrictive des classes populaires. Le problème est que cette représentation est désormais adoptée par une majorité des classes dirigeantes.

    L’invisibilité des classes populaires majoritaires à l’écart des grandes métropoles

    Il faut dire que l’idée d’une société divisée entre des classes supérieures et moyennes et des catégories populaires issues de l’immigration a un grand mérite : elle permet de mettre en avant des catégories sociales en phase avec la mondialisation. Cette sociologie est d’ailleurs précisément celle des grandes métropoles c’est-à-dire des territoires qui ont le plus bénéficié de la mondialisation. Dans cette représentation, les catégories populaires, pourtant majoritaire, et qui vivent à l’écart des métropoles dans des espaces périurbains, ruraux et industriels, disparaissent, avec elles, la question sociale. Cette dernière laisse alors la place à une question sociétale, celle de la place des minorités ; soit une thématique bien peu subversive pour les tenants du libre-échange mondialisé.

    Exit la question sociale, exit aussi la recomposition sociale sans précédent à laquelle on assiste avec l‘implosion de la classe moyenne et l’émergence d’une nouvelle classe populaire. S’il n’existe pas de conscience de classe, l’employé du lotissement pavillonnaire, l’ouvrier rural, l’indépendant, le chômeur du bassin minier mais aussi le petit paysan se reconnaissent dans une perception commune de la mondialisation et de ses effets. Cet ensemble forme désormais un ensemble socio-culturel cohérent et définit les contours d’une nouvelle « classe populaire ». Une classe populaire qui s’abstient beaucoup pour les élections, à l’exception notable des Présidentielles.

    Christophe Guilluy (Les infuences, 22 octobre 2012)

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  • "Il va y avoir des territoires qui vont s'ethniciser..."

    Vous pouvez écouter ci-dessous un entretien passionnant avec Christophe Guilluy sur France Culture. Géographe, Christophe Guilluy est l'auteur de l'essai intitulé Fractures françaises (Bourin, 2010), qui a quelque peu bousculé le politiquement correct ambiant... 


    Christophe Guilluy - "Fractures françaises" par lAfOIREaUXaTROCITES

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  • L'essor du séparatisme culturel...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du géographe Christophe Guilluy, publié dans le quotidien Le Monde à la suite de la parution du rapport de l'Institut Montaigne sur les banlieux. Christophe Guilluy est l'auteur d'un essai percutant intitulé Fractures françaises (Bourin, 2010)  et consacré  à la crise profonde du "vivre ensemble" dans la France d'aujourd'hui.

     

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    La fable de la mixité culturelle

    Plus que son contenu, c'est d'abord la surmédiatisation du rapport de l'Institut Montaigne qui est frappante. Le constat, celui d'une forme d'islamisation de certains territoires, n'est pas véritablement une découverte. On rappellera à ce titre que le rapport Obin de l'éducation nationale montrait déjà, en 2004, le débordement dans l'espace public des pratiques communautaires dans les établissements scolaires situés dans des communes à forte population musulmane.

    Rien de bien nouveau donc, le problème est en réalité sur la table depuis au moins dix ans. Cette question culturelle et identitaire est d'abord le fruit d'une dynamique démographique. La question de l'islam ne serait pas aussi présente si elle ne s'inscrivait pas dans un contexte démographique, celui de la croissance forte et récente du nombre des musulmans en France et en Europe.

    Rappelons ici que les communes ciblées par l'Institut Montaigne se caractérisent d'abord par une transformation démographique sans précédent. Entre 1968 et 2005, la part des jeunes d'origine étrangère (dont au moins un parent est né à l'étranger) est passée de 22 % à 76 % à Clichy-sous-bois et de 29 % à 55 % à Montfermeil. Ce basculement démographique est un point fondamental. Une majorité de ces jeunes est musulmane ou d'origine musulmane.

    La visibilité de l'islam et de ses pratiques est ainsi directement liée à l'importance de la dynamique démographique : flux migratoires et accroissement naturel. La question est d'autant plus sensible qu'elle s'inscrit dans un contexte démographique instable où les "minorités" peuvent devenir majoritaires et inversement. Sur certains territoires, les populations d'origine musulmane sont donc devenues majoritaires. C'est le cas à Clichy et Montfermeil. La passion qui entoure les débats sur l'islam est directement liée à la croissance du nombre de musulmans. La question du débordement des pratiques religieuses interroge l'ensemble des Français musulmans ou non.

    Au-delà, ce débat interroge aussi la question du multiculturalisme. Ainsi, si l'on remplaçait demain les 6 millions de musulmans par 6 millions de sikhs, les controverses sur le port du kirpan (comme cela a été le cas au Québec), poignard mais aussi symbole religieux pour la communauté sikh, se multiplieraient.

    L'importance des réactions suscitées par le rapport Kepel révèle en filigrane le malaise de la société française face au surgissement d'une société multiculturelle encore impensée. Il faut dire que, en la matière, nous nous sommes beaucoup menti. Convaincus de la supériorité du modèle républicain, en comparaison du modèle communautariste anglo-saxon, nous nous sommes longtemps bercés d'illusions sur la capacité de la République à poursuivre, comme c'était le cas par le passé, "l'assimilation républicaine".

    La réalité est que, depuis la fin des années 1970, ce modèle assimilationniste a été abandonné quand l'immigration a changé de nature en devenant familiale et extra-européenne (pour beaucoup originaire de pays musulmans). Alors que l'on continuait à s'enorgueillir du niveau des mariages mixtes, les pratiques d'évitement explosaient.

    Aujourd'hui, le séparatisme culturel est la norme. Il ne s'agit pas seulement d'un séparatisme social mais d'abord d'un séparatisme culturel. Pire, il frappe au coeur des classes populaires. Désormais, les classes populaires d'origine étrangère et d'origine française et d'immigration ancienne ne vivent plus sur les mêmes territoires. Les stratégies résidentielles ou scolaires concernent une majorité de Français, tous cherchent à ériger des frontières culturelles invisibles. Dans ce contexte, la fable des mariages mixtes ne convainc plus grand monde et ce d'autant plus que les chiffres les plus récents indiquent un renforcement de l'endogamie et singulièrement de l'homogamie religieuse.

    La promesse républicaine qui voulait que "l'autre", avec le temps, se fondît dans un même ensemble culturel, a vécu. Dans une société multiculturelle, "l'autre" reste "l'autre". Cela ne veut pas dire "l'ennemi" ou "l'étranger", cela signifie que sur un territoire donné l'environnement culturel des gens peut changer et que l'on peut devenir culturellement minoritaire. C'est ce constat, pour partie occulté, qui explique la montée des partis populistes dans l'ensemble des pays européens.

    Si le rapport Kepel est "dérangeant", c'est d'abord parce qu'il nous parle d'un malaise identitaire qui touche désormais une majorité de Français. A ce titre, il faut relever l'importance de cette question pour l'ensemble des classes populaires d'origine française ou étrangère. C'est dans ce contexte qu'il faut lire la montée de l'abstention et de la défiance pour les grands partis aussi bien en banlieue que dans les espaces périurbains, ruraux et industriels.

    Si un islam identitaire travaille les banlieues, l'adhésion pour les thèses frontistes d'une part majoritaire des classes populaires de la France périphérique souligne que la question sociale est désormais inséparable de la question culturelle.

    Christophe Guilluy (Le Monde, 14 octobre 2011)

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